transatlantique // destiny & gloria

TRANSATLANTIQUE

Oranges sanguines, rayons de soleil qui frottaient contre ma peau. Lunettes obscures pour tout oublier, et n'entendre que le doux son des vagues claquant sur le paquebot. Maintenant, oubliez tout ça. Je retrouvais cet atmosphère que j'avais toujours connu, et toujours accompagnée de celle qui a grandit avec moi : ma soeur. Je retrouvais ce froid qui m'avait bercé, ce blanc qui m'entourait. Ça me rappelait les douceurs de mon enfance, les bons moments passés avec la famille. Cela faisait pas mal de temps déjà qu'on avait quitté le port de Miami, pour prendre le large vers l'Europe. Je n'y avais jamais mis les pieds en réalité, me contentant de ce que j'avais à ma portée. Excitation apparente, tons grisâtres quand nous approchons les terres. Premiers pas sur cette terre ferme que je n'avais jamais arpentée, j'oubliais un instant le paquebot. Je respirais profondément, puis souriais à Gloria. "Pas de temps à perdre !" Elle savait que c'était mon rêve d'aller en Europe, et pour la première fois, j'y entrais par la petite porte. Ce n'était que le début, pensais-je. Reykjavik avait cet air familier. Main tenant fermement mon sac à dos, mon appareil photo dans l'autre, je jetais un oeil sur Gloria qui tenait la carte. On avait bien l'air de deux touristes. D'ailleurs je ne pensais à qu'une chose, trouver du commerce, des boutiques, et tout ce qui s'en suivait. Après des jours et des jours en mer, j'allais faire chauffer ma carte bleue. "Alors, on part par où ? Et si on commençait par les achats ?" J'avançais déjà, sans trop savoir où aller, mais je voulais tellement découvrir le style de vie ici en Islande et ses verdures que je voyais déjà à perte d'horizon. Nous voilà deux aventurières, ayant laissé un instant les filles. Moment familial ancré à jamais, on n'avait jamais eu vraiment l'occasion de vivre ce genre de chose, pensais-je.

(c) ANAPHORE

La patience recouvrait Gloria comme un châle délicat depuis qu’elle avait embraqué sur le bateau, celui la même qui l’ourlait quand les températures descendaient alors qu’elle se trouvait encore sur le pont en train de dessiner l’horizon sans fin tranché par la scie circulaire du soleil couchant. Après ces quelques semaines de croisière, une première pour elle, son carnet de voyage semblait déjà bien rempli, et il lui faudrait rapidement en acheter un autre. Ceci dit, en apprenant qu’ils allaient toucher la terre ferme de la côte islandaise, elle l’avait laissé au fond de son sac pour se consacrer à la visite de la ville.
En compagnie de sa sœur, et seulement de sa sœur.

Loyale au bonheur de cette dernière, Gloria avait attendu de toucher la terre de ses bottines fourrées pour se tourner vers la seconde moitié de son âme et voir dans son instinct protecteur ce qu’elle souhaitait faire. La réponse ne s’était pas fait attendre.

« Je n’en attendais pas moins de toi. » confirma-t-elle d’une voix douce et dansant sur la buée qui s’échappait de ses lèvres fraîches. Elle extirpa de son sac à dos son smartphone dernier cri, car en bonne prévoyante, elle avait fait un petit tour par internet avant qu’elles ne touchent le sol. « J’ai bidouillé un petit itinéraire des boutiques qui pourraient nous plaire. La première est à quelques centaines de mètres, tentée ? »

Elle glissa doucement son bras sous le sien, imprimant son envie sans jamais l’imposer, comme à son habitude.

TRANSATLANTIQUE

@GLORIA REID

Coquillages et crustacés. On change de discours. Ici c'est volcans et vents. J'avais hâte de faire les emplettes, mais au fur et à mesure qu'on avançait, j'étais émerveillée par les paysages qui nous entouraient. Heureusement, j'avais prévu de quoi nous garder au chaud. De belles doudounes enfilées et nous voilà en marche jusqu'au marché au puce, rien de plus pitoresque. Je prenais Gloria par le bras et l'emportait avec enthousiasme. Je voulais profiter de chaque seconde sur le sol islandais avant qu'on revienne sur le bateau. À force de rester des jours et des jours dessus, j'allais avoir le mal de mer. J'aurais cru me trouver sur le titanic au fil des heures qui passaient. Et finalement nous voilà sur la terre ferme, découvrant de nouvelles choses, une nouvelle civilisation, une nouvelle langue qui me paraissait venir d'une autre planète. J'en riais au fond, et même si c'était seulement notre première croisière, j'adorais déjà ça. Surtout pouvoir le faire avec ma soeur, et ceux que je considère aussi comme de ma famille, celle qu'on choisit. Mais Gloria elle, c'est plus que la famille. "Évidemment" lui disais-je avec un clin d'oeil. Entre soeurs on se promet tout, on se protège, on se prête des fringues, on se dit tout, bref c'est un lien spécial. Alors pour moi faire cette croisière avec ma soeur ça me semblait une évidence. En parlant de ça, je restais à peine surprise de son organisation sans faille. "Tu es parfaite! Allons-y !" ne trainant pas, bras dessus, bras dessous. 100 mètres plus loin, c'était comme si nous étions dans un tout autre monde. "Il y a plein de sacs, faudrait pas que ma carte bleue chauffe trop dès la première sortie." Incorrigible, mais le monde avait tellement à offrir.

(c) ANAPHORE

Une petite bulle éclata dans son ventre en un milliers de papillons à l’entente de ce compliment jamais vraiment sincère chez les gens mais qui chez Destiny prend une connotation toute particulière, ourlée d’une tendresse vernaculaire. Celle-la même qui donnait à Gloria chaque jour le courage d’avancer. Car Destiny, si elle n’était pas sa jumelle, restait une moitié de son âme, et si elle l’entraînait, Gloria suivait, parce que c’était ainsi, le plus naturellement du monde.
Alors Gloria suivit.

Quelques dizaines de mètres plus loin un étage du paradis s’offrit à elles, et ce furent bientôt des étoiles qui brillèrent dans les yeux de l’une comme de l’autre.

« Et pourquoi pas, voyons ? » Gloria adressa un clin d’œil malicieux à sa sœur, toujours partante pour une déferlante d’adrénaline telle que traditionnellement suscitée par les dépenses folles d’argent. « Nous sommes en vacances, ou non ? »

Bien sûr qu’elles l’étaient. Gloria retira son bras de la proximité de celui de Destiny pour s’enfoncer plus avant dans la boutique, saluant d’un gracieux anglais une employée islandaise à la chevelure de fée.

« Faisons des fooolies ! » s’exclama-t-elle dans un rire tintant pour initier le mouvement.

Ses doigts glissèrent le long de la forêt de sacs s’offrant à son regard dans un froufroutement discret qui sentait le cuir, la flanelle, ou parfois-même la dentelle. Les couleurs islandaises demeuraient discrètes, pures et naturelles, empreintes d’une classe qu’elles n’auraient pu trouver nulle part ailleurs. Elle se saisit délicatement d’une de ces œuvres d’art, la disposant contre elle afin de regarder dans un miroir si elle lui allait bien. Elle le leva ensuite à la hauteur de son visage, ne laissant dépasser que l’éclat espiègle de ses yeux sombres.

« Les filles vont être jalouuuuses. » roucoula-t-elle dans un rire d’enfant.

TRANSATLANTIQUE

@GLORIA REID

J'observais les alentours, les paysages, et ça me rappelait l'immensité canadienne. Ça me rappelait notre pays et sa beauté. Malgré tout, de ce que je voyais au fur et à mesure de notre promenade, l'Islande restait particulière. Fraîcheur presque similaire, j'avais surtout en tête l'ambiance viking que je m'étais imaginée. J'avais hâte de découvrir l'Europe, c'était un de mes rêves. Le grand océan Atlantique nous séparait, comme si nous étions à l'autre bout du monde. Le voyage a été long mais je ne pouvais pas avoir de meilleures vacances que celles ci. Enfin ça se discute. J'ai toujours aimé les passer en famille dans notre bon vieux chalet. Mais une première croisière, ça reste toujours dans notre coeur. Une place particulière pour de tels souvenirs. Je restais alors en compagnie de Gloria. Je respirais un grand coup, j'inspirais cet air frais qui nous faisait du bien. Je souriais à ma soeur pendant que nous avancions au marché local. Tout avait l'air si différent de ce que j'avais pu voir dans ma vie, et je profitais de l'instant présent. Mes yeux brillaient. Je fixais bizarrement Gloria et son clin d'oeil malicieux. Je riais. "Oh et puis tu as raison !" Je suis tombée volontier dans ce piège, j'ai plongé la tête la première. "C'est parti ! J'ai hâte de découvrir ce que cette petite ville d'Islande a à nous offrir. Ça a l'air quand même différent de chez nous, si seulement les parents pouvaient voir ça !" lançais-je avec toute l'excitation nécessaire, tout en m'élançant vers l'avant. Je suivais alors ma petite soeur qui déjà s'empressait d'entrer dans les boutiques. Je riais à sa folie, et c'était sûr on n'allait rien laisser passer. "Oh c'est joli ! Tiens j'ai d'ailleurs besoin d'un sac pour le montrer partout !" J'arpentais les sacs, les bijoux, mais aussi quelques petites choses traditionnelles. "C'est clair !" lui répondis-je à propos des filles. "Je vais prendre ce sac là gris. Il a l'air de super bonne qualité. Tu vas prendre quoi ?" lui lançais-je puis m'avançais vers la caisse pour payer. "Oh et puis après il faudra qu'on aille dans une boutique de souvenirs !" Je n'avais pas eu beaucoup d'échos sur l'Islande, et c'était ça qui était génial parce que je découvrais tout sur place et ça m'impressionnait de plus en plus.

(c) ANAPHORE

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